Bien que le Québec et la France partagent la même langue, à savoir le français, il s’avère que les différences linguistiques entre les deux pays sont importantes. D’une part, le français parlé par les Québécois est un français plus daté, plus ancien, soit un français de la « vieille France » comme dirait les Français tandis que ces derniers parlent un français plus moderne, qui a évolué au fil des années. D’autre part, le vocabulaire employé n’a pas la même signification d’un pays à l’autre. Le terme « dîner » est utilisé pour le repas du soir en France alors qu’il s’agit du repas du midi au Québec. De telles différences de vocabulaires et d’expressions peuvent mener à des incompréhensions et des malentendus si elles ne sont pas connues, d’où l’importance de se renseigner sur la culture du pays avec lequel on travaille.
De plus, les Québécois sont attachés au français et le gouvernement mène des campagnes de sensibilisation au maintien de la lague française depuis des années. À contrario, les Français utilisent beaucoup d’anglicisme dans la vie de tous les jours.
La différence majeure que l’on observe entre la France et le Québec dans un contexte organisationnel est la hiérarchie. Celle-ci est fortement présente en France où les statuts des employés ont une réelle importance tandis que les entreprises québécoises sont plus horizontales en pratique. En effet, bien que les organisations québécoises disposent d’une hiérarchie, dans les faits elle impacte peu les relations de travail où chacun se tutoie très rapidement. Les Québécois utilisent le tutoiement très rapidement et se serre davantage la main tandis que les Français priorisent le vouvoiement et se font la bise pour dire bonjour. De plus, les supérieurs ainsi que les chefs d’entreprises sont bien plus accessibles au Québec.
Les entreprises françaises ont une politique de gestion des conflits à l’opposé de ce qui se pratique au Québec. Il est courant que les supérieurs montrent leurs mécontentements devant tous les employés et ne cherchent pas à gérer les conflits de manière privée.
Au Québec, le dialogue et la communication sont les premiers outils utilisés dans la gestion du conflit. Le but des managers québécois est d’arriver à un compromis afin de satisfaire la plus grande partie des employés affectée par le conflit.
Pour s’adapter à la culture du pays d’accueil, les Talents devraient apprendre à faire face à ce qui distingue la culture étrangère pour que la rencontre soit éprouvée non comme une menace, mais comme un enrichissement vis-à-vis de leur propre culture. On comprend bien que l’adaptation à une autre culture ne se fait pas simplement en s’installant dans le pays en question mais en s’éduquant sur les différences culturelles présentes.
La rencontre de plusieurs cultures, si appréhendée avec bienveillance, permet de générer des expressions culturelles partagées par le dialogue et le respect mutuel. La communication et le dialogue sont des armes essentielles pour encourager la rencontre de diverses cultures et surtout, leur permettre de se retrouver à mi-chemin. De plus, il faut s’adapter au mode de vie et au fonctionnement du pays d’accueil sans renier sa propre culture. L’objectif n’est pas non plus de s’enfermer dans sa culture d’origine mais plutôt de devenir un individu hybride, qui au fil de sa vie, a acquis différentes cultures et est capable de porter plusieurs casquettes.
Néanmoins, s’adapter à une autre culture n’est pas si simple. La durée de l’adaptation peut aller de 6 à 24 mois, ce qui représente une longue période. Les Talents peuvent se référer à la courbe en U de J. Stewart Black & Mark Mendenhall qui est composée de 4 phases. La première est ce qu’on appelle la Lune de miel. Cette phase commence lors de l’arrivée dans le pays d’accueil et est généralement assez courte. Elle consiste à un sentiment d’excitation, d’enchantement et de découverte face à cette nouvelle aventure. Le Talent ne s’est pas encore adapté à la cuture d’accueil, c’est donc sa culture d’origine qui lui sert de référentiel.
La phase qui suit est le Choc culturel. Le Talent prend conscience que la culture et tout ce qu’elle implique (normes, valeurs, codes) est différente de sa propre culture ce qui entraîne une perte de repères. De ce fait, il ressent de la désillusion et une sorte de déphasage. Tout lui parait nouveau : le style de vie, les habitudes alimentaires, les formalités administratives… c’est à ce moment-là que le Talent peut ressentir ce qu’on appelle le mal du pays. Il est nostalgique de son pays d’origine et a hâte de retrouver son chez lui. La troisième phase est l’adaptation ou l’échec. Comme son nom l’indique, soit le Talent va réussir à s’intégrer pleinement en acceptant et adoptant les codes de la culture du pays d’accueil, soit il va refuser de s’y adapter et cela va mener à l’échec de son adaptation. S’il s’adapte, il va commencer à une construire un quotidien dans son nouveau pays en trouvant de nouveaux repères et en prenant de nouvelles habitudes. Pour autant, le Talent ne renie pas sa culture d’origine, il est simplement capable de percevoir les différences et les nuances entre les deux et s’y adapter. La dernière phase est la maturité. Lors de celle-ci, la phase d’adaptation est confortée. Le Talent est pleinement intégré dans son pays d’accueil et navigue avec aisance et sans trop d’efforts entre sa propre culture et la culture étrangère.
Il est très important que les Talents qui viennent s’installer au Québec et y travailler aient connaissance de ces différentes étapes afin qu’ils puissent mieux appréhender les émotions par lesquelles ils vont passer tout au long de leur processus d’adaptation.
La mixité des cultures au sein du dialogue interculturel permet la création de nouvelles idées, apporte de nouvelles opinions et crée de nouvelles perspectives. De ce point de vue, le dialogue interculturel a un impact positif. La communication interculturelle met en lumières les différences entre les cultures, celles-ci sont perçues comme l’expression de la diversité, ce qui rend la rencontre bienveillante et cela favorise la compréhension et une rencontre des opinions.
Skrefsrud met en avant la métaphore du pont pour décrire la communication interculturelle. Dans la vie quotidienne les ponts ont une fonction d’outil pour franchir un obstacle. Dans le cadre de la communication interculturelle, le pont fait référence à libérer le dialogue entre des individus issus de cultures différentes afin de les mettre en contact et aller au-delà des barrières culturelles. Le fait de dialoguer permet de rendre l’inconnu accessible et de se rendre compte que ce qui nous est étranger au premier abord nous est finalement familier. On se découvre des points communs, des centres d’intérêts et des familiarités. En effet, la communication permet de se découvrir des intérêts communs, des affinités et de comprendre que l’autre c’est nous. Par les similarités que l’on se trouve, on réduit les différences culturelles et seule la communication via l’échange et le dialogue permet de connaître l’autre.
De plus, la culture si elle est comprise par le récepteur du message peut permettre à décoder le message en question afin qu’il puisse être bien interprété et compris grâce à la prise en compte de la dimension culturelle. Un des moyens pour comprendre la culture de notre interlocuteur est que ce dernier nous l’explique. L’interlocuteur réceptionne alors le message en connaissance de cause. Un exemple classique que l’on peut citer est le tutoiement. Un Québécois qui rencontre un Français ne doit pas prendre pour acquis que c’est monnaie courante en France. Expliquer à son collègue français que cela ne représente pas un manque de respect et fait partie intégrante de la culture québécoise permettrait d’éviter un certain malaise.
Afin d’anticiper les différences culturelles, les comprendre et réussir à les mitiger, il est important que les Talents développent leur intelligence culturelle. Elle est définie par Exportation et développement Canada comme étant la capacité de s’adapter à différents contextes culturels. Le développement de l’intelligence culturelle se fait en trois étapes ou trois niveaux. Le premier concerne les connaissances. Ce sont tout ce qui concerne la culture du pays ou des pays avec qui les Talents collaborent de manière générale. Cela comprend la façon de saluer ses collègues, les valeurs connues de la culture, le style de communication (direct ou indirect), les actions qui sont perçues comme mal vue ou à éviter. Le deuxième niveau concerne les compétences. Cela consiste à trouver des moyens de surmonter les différences culturelles afin de rendre la communication fluide et efficace et éviter tout blocage. La troisième et dernière étape est l’attitude. En effet, lorsqu’une culture est nouvelle, il est important de s’immerger complétement si cela est possible afin de la comprendre davantage et d’en cerner les nuances. Cette attitude positive, d’ouverture d’esprit et sur le monde montre aux différents membres de l’équipe que la personne est intéressée. Cela permet de renforcer la confiance entre les collaborateurs, de tisser des liens et de bâtir une relation avec pour objectif qu’elle dure sur le long terme.
Il existe différents moyens de développer son intelligence culturelle. Au-delà de s’auto-informer et de s’auto-éduquer sur les cultures qui nous entoure, il est possible de suivre une formation pour développer ses connaissances et compétences culturelles. Au Canada, il existe le Centre d’apprentissage interculturel qui est spécialisé dans tout ce qui touche à l’interculturalité, notamment dans le monde professionnel. Le Centre propose des formations, des ateliers et des lectures qui sont accessibles gratuitement. Souvent recommandés aux superviseurs et pourtant utiles à tout employé évoluant dans un environnement interculturel, les examens de jugement situationnel permettent de mettre à l’épreuve leur habileté à évaluer des situations interculturelles. Ces examens sont un bon point de départ pour les employés pour juger leur sensibilité et leur aisance à percevoir des situations interculturelles. Un autre outil développé par le Centre est Aperçus pays. Il regroupe une centaine de pays dont le profil culturel est décrit.
En communication interculturelle, l’enjeu majeur est de ne pas comprendre le message émit par son interlocuteur. Pour éviter cela, il est essentiel que la communication soit ouverte et bienveillante et qu’elle repose sur des feedbacks réciproques. Si tout le monde optait pour cette habitude, cela permettrait d’éviter un bon nombre de malentendus, de tâches mal effectuées, de décisions prises sur des informations erronées etc.
En communication interculturelle, il faut également éviter de projeter ses propres compétences sur son collègue. La projection est un processus souvent vu en psychologie cognitive et qui s’applique dans tous les domaines, notamment professionnel. Ce processus d’attribution de compétences inexistantes mène à des difficultés d’intégration et des lacunes en communication.
SOURCES
Akova. (2015). » Le choc culturel. Destination Québec. http://destinationquebec.akova.ca/guide/etape-1-je-prepare-mon-projet/information-quebec-voyage-exploratoire/defis-immigration-2/choc-culturel/
Culture québécoise et différences culturelles. (2015). Destination Québec. http://destinationquebec.akova.ca/guide/etape-1-je-prepare-mon-projet/information-quebec-voyage-exploratoire/la-culture-quebecoise/
Comprendre la culture pour réussir à l’étranger. (2019). EDC. https://www.edc.ca/fr/blogue/questions-d-intelligence-culturelle.html
Grégoire, P. I. (2020). Au Québec, un Français averti en vaut deux. LExpress.fr. https://www.lexpress.fr/emploi/gestion-carriere/au-quebec-un-francais-averti-en-vaut-deux_2124715.html
Skrefsrud, T. A. (2017). Les difficultés de dialogue interculturel. Revue Lumen Vitae, 309–324. https://www.cairn.info/revue-lumen-vitae-2017-3-page-309.htm