Si tu es manager, alors tu sais de quoi je parle…
On va pas se mentir : gérer une équipe, tout organiser et coordonner, remotiver les troupes, parer aux imprévus, etc. C’est pas simple !
Le management, ça ne s’improvise pas… Ça s’apprend avec le temps et l’expérience.
Alors quand on a sa méthode bien rodée depuis des années, on se rassure…
Mais voilà, le confinement a tout bouleversé : tout le monde veut faire du télétravail, en mode hybride ou à plein temps.
Mais manager en présentiel et en distanciel, c’est pas du tout pareil ! On le sait bien.
Alors, même si en faire est normal, on va te donner les erreurs classiques à ne pas faire…
Un manager averti en vaut deux, non ?
Alors, bonne lecture, on se retrouve juste après…
Lorsqu’on évoque le burn-out ou le stress au travail dans les médias, ce sont toujours les salariés dont on parle.
On explique alors l’épuisement professionnel par le rythme de travail, ses contraintes ou le management toxique de l’entreprise…
Dépressions ou démissions seraient causées par certaines mauvaises décisions d’un manager ou par la pression qu’il impose…
Se dessine alors la figure du manager autoritaire, à l’ancienne, peu bienveillant et qui vous presse comme un citron.
Cette vision « cliché » du manager n’aide pas. Il faut nuancer ce portrait…
Après tout, le manager n’est-il pas un humain comme les autres ?
Avec ses forces et ses faiblesses : car, lui aussi, est victime des risques psychosociaux et souffre du stress.
Source : https://www.inrs.fr/risques/psychosociaux/ce-qu-il-faut-retenir.html
J’en veux pour preuve le dernier baromètre OpinionWay (2023) pour le cabinet Empreinte humaine : 44% des managers souffrent de mal être !
Ils font partie des « populations les plus touchées » par ces risques psychosociaux…
Télétravail : la « bête noire » du manager ?
Si le confinement a révélé un besoin de télétravail chez de nombreux salariés, on ne peut pas en dire autant pour les managers…
En 2021, tous les indicateurs étaient au rouge : après un an et demi de Covid19, 66% des managers trouvaient leur métier trop stressant. (Étude Indeed (2021))
Dans ce nouveau monde du travail, à distance ou en mode hybride (mi-présentiel, mi-distanciel), le manager s’est retrouvé en première ligne pour essuyer les plâtres, pour improviser…
Résultat ?
Selon le Baromètre Alan (2023), 1 manager sur 2 est angoissé et 41 % se sentent isolés.
C’est ce que certains appellent le blues du manager : une véritable désillusion, un épuisement pro, l’envie de tout plaquer !
Pourquoi ?
Attendrait-on trop du manager ? Peut-être que le problème est là !
N’attend-on pas de lui qu’il soit à la fois le père, la mère, le coach, l’ami, le leader ?
Un manager tour à tour empathique, bienveillant, bon communiquant, parfait organisateur et bien sûr toujours disponible !
On risque vite d’en décourager certains…
Vit-on une crise managériale ? Assurément
La transformation du monde du travail qui s’éloigne des vieux schémas verticaux d’autrefois bouleverse les habitudes et les repères.
L’ancien management autoritaire est désormais inadapté aux attentes des nouvelles générations et aux nouvelles formes plus hybrides ou distancielles du travail.
Si la méthode du « manager-contrôleur » a longtemps prévalu…
Celle qui considérait qu’un contrôle visuel était nécessaire pour évaluer le travail des employés. Celle-là même qui estimait que la durée de leur présence dans l’entreprise était l’étalon maître pour juger de leurs performances…
Elle est désormais révolue.
Les spécialistes du management la considèrent dépassée : héritière d’une vision datée, cette méthode est aujourd’hui inefficace, d’autant plus avec la généralisation du travail à distance.
Cependant, certains managers voient cela comme une perte de contrôle, voire d’autorité.
Pourquoi ?
Sans le présentiel, comment contrôler le travail de l’employé ? Comment le surveiller ?
Lorsque votre équipe est physiquement présente dans les locaux, avec vous, tout est assez simple. Vous pouvez en permanence vérifier ce que chacun fait et les solliciter à l’improviste, voir qui est engagé, motivé ou un peu moins…
En télétravail, rien de tout ça n’est possible : vos collaborateurs sont répartis dans des lieux différents et ne travaillent pas forcément de manière synchronisée.
De même, la communication se complique : avec la distance, certains repères disparaissent.
On perd en communication visuelle, on ne se parle plus à la machine à café ou entre deux couloirs.
Fini le non verbal, le geste qui dit tout sans avoir besoin de rajouter un mot. Fini la spontanéité…
Fini le micromanagement ! Finie la culture du présentéisme !
Privilégiez la culture du résultat, passez de l’obsolète « command & control » à l’efficace « lead and help ».
Soyez le manager qui accompagne, qui aide et non plus celui qui surveille !
Mais, durant cette transition, des erreurs peuvent naturellement survenir…
Examinons les ensembles pour mieux les anticiper :
Et voici la principale erreur à ne pas faire : faire comme avant !
Surtout ne pas changer sa méthode et s’obstiner à rester dans sa zone de confort.
Non, le télétravail, ce n’est pas remplacer le boulot "au bureau" par le boulot "chez soi".
Travailler chez soi et travailler au bureau ne sont pas synonymes !
Chacun a ses avantages et ses défauts. Alors, ne vous attendez pas à retrouver vos repères habituels en gérant du télétravail.
À vous de repenser et de remodeler le travail en tenant compte des contraintes personnelles de vos équipes.
Culture du résultat, on vous a dit… OK ?
Alors, fini de surveiller, lâchez la bride… et faites confiance.
2) Être toujours sur le dos des salariés
Big Brother, sors de ce corps !
Dans la ligne droite de l’erreur numéro 1, encore un mauvais réflexe : vouloir absolument être en contact permanent avec vos équipes, vouloir tout contrôler…
Visioconférence à la première puis à la dernière heure de la journée… Un appel par-ci, un appel par là ou des mails qui se multiplient…
La tentation est forte de faire plus de réunions lorsqu’on son équipe est à distance, de les appeler pour un rien ou de leur envoyer des quantités d’informations par mail ou par messagerie.
Stop ! Laissez-les respirer. Ne comblez pas la distance par une présence permanente.
Surveiller vos équipes 24/24 n’est pas un gage d’efficacité. Au bureau aussi, certains savent trouver le moyen de procrastiner…
Alors, pas de pression inutile : trop de contrôle nuit au travail et trop de réunions aussi (même en visio) !
Si l’expression « réunionnite aiguë » existe, ce n’est pas pour rien !
Au contraire, soyez le maître des horloges et cadrez des horaires limités sans débordements ni harcèlement !
Soyez respectueux de vos équipes : commencez et terminez à l'heure toutes vos interventions.
En revanche, encouragez votre équipe à vous solliciter ou à garder contact et échanges entre eux par une messagerie quelconque.
3) Être aux abonnés absents…
On pousse dans l’excès inverse : disparaître totalement des radars…
Le vide total n’est pas non plus la solution.
Si votre équipe n’avait pas besoin d’un manager, ça se saurait. Alors, même si vous vous sentez dépassé par le distanciel, ne faites pas l’autruche !
Cela donnerait l’impression que vous êtes trop occupé, voire peu soucieux du travail de vos collaborateurs.
Et si vous avez peur de les déranger, trouvez la bonne formule pour leur proposer un moment de dialogue à l’heure qui convient à chacun.
N’oubliez pas que l’isolement est le risque du télétravailleur. Entre la sursollicitation et le désert communicatif, trouvez le juste milieu.
Soyez donc disponible et présent pour les accompagner en fonction des besoins de chacun.
4) Imposer votre cadre horaire
OK, vous avez l’habitude de travailler tôt et de finir tard : l’amplitude 7/8h jusque 19h ne vous fait pas peur.
Parfait, vous avez trouvé le rythme qui vous convient. Mais n’allez pas croire que tout le monde puisse et doive vous suivre…
L’intérêt du télétravail réside justement dans le fait que les horaires ne sont plus fixes comme avant…
Chacun adaptera ses horaires en fonction de ses contraintes : les enfants, le conjoint, les rendez-vous de la vie courante, etc.
L’essentiel est que le travail soit fait et bien fait, non ?
Comprenez bien que désormais, le télétravail permet d’adapter la vie pro à la vie perso et non plus l’inverse.
Alors, lâchez du lest et la montgolfière décollera encore plus haut.
5) Imposer les jours
Si, certains le font !
Exemple classique : l’entreprise interdit le télétravail le lundi ou le vendredi.
Pensez-vous vraiment que faire barrage aux longs week-ends de 3 jours va rendre le télétravailleur plus productif ?
Si vous êtes confiant, avec une vision du management par résultat ou par objectifs…
Alors, peu importe quand le travail est fait, du moment qu’il le soit à temps et de bonne qualité, non ?
En tant que manager, envoyez le bon signal à vos équipes et laissez-les gérer leurs journées de télétravail ou de présentiel.
Tout le monde y sera gagnant.
(Bien sûr, si votre équipe est en full remote, le problème n’existe pas…)
6) Oublier l’esprit collectif
En télétravail, si chacun travaille dans son coin, on peut vite perdre le sens du collectif.
On peut vite se sentir seul et livré à soi-même… Pourtant, même séparée, votre équipe doit rester unie.
Et c’est à vous que revient la mission de maintenir cet esprit collectif.
Alors, ne laissez pas l’isolement l’emporter ! Démontrez à chacun qu’il participe à un travail où chacun a sa place et sa tâche pour un objectif commun final.
C’est peut-être naïf, mais « l’union fait la force », non ?
Créer des temps d’échanges réguliers par visio, tous ensemble, doit permettre de renouer avec cet esprit collectif.
Donner l’occasion à tous de découvrir le travail des autres, leurs missions. Vous leur donnerez alors le recul nécessaire pour avoir une vue d’ensemble sur le travail d’équipe.
Soyez le lien et le relais entre tous vos collaborateurs.
Cela redonne aussi du sens à leur travail. Car certaines tâches peuvent paraître futiles ou inutiles lorsqu’on ne les replace pas dans un contexte plus général.
7) Ne donner aucune règle
Chez vous, c’est chacun fait comme il le sent : vous faites 100% confiance à vos collab !
Bravo, vous avez bien compris le concept de faire confiance… Mais un minimum de règles communes est nécessaire pour que le collectif fonctionne, non ?
Sinon, certaines dérives peuvent survenir rapidement.
Avec le télétravail, un rythme de travail asynchrone ou décalé est inévitable. C’est même un peu le but : laissez chacun travailler à son rythme, selon ses contraintes…
Mais attention, pas trop tout de même, car de certains travaux dépendent l’avancée des autres.
Il faut donc fixer des règles de travail en commun.
De même, c’est à vous de fixer certains points :
Attention à l’excès de zèle : fixez des limites ! Les "heures supp" et les nuits blanches ne font pas le bon télétravailleur à distance.
C’est donc à vous, le manager, d’être vigilant sur ces dérives. Vous le savez, un collaborateur épuisé ne fera pas du bon travail et risque l’arrêt maladie…
Pour le bien-être de tous, soyez clair et transparent sur vos attentes et le fonctionnement commun de l’équipe.
8) Ne pas écouter et juger trop vite
Derrière notre écran, on perd en compréhension, en communication.
Toute la communication non verbale disparaît… Les gestes conscients ou inconscients, les micro-expressions, le ton de la voix et même un peu de feeling…
Il faut donc éviter d’écouter ou d’échanger comme si l’on était au bureau…
Un mail rapidement lu peut-être mal compris, mal interprété… Et celui qui sait si clairement s’exprimer à l’oral peut parfois être maladroit à l’écrit ou confus !
Prenez bien le temps de lire, d’écouter et surtout soyez attentifs aux moindres signes…
Laissez à votre collaborateur le temps de parler, de s’exprimer pour être sûr de ne rien louper.
Parfois certains n’osent pas dire un malaise, une détresse ou juste demander un coup de main de peur de paraître incompétent ou faible… Rassurez-les.
Et si vous avez le moindre doute : passez un coup de fil ou faites un visio !
Afin d'éviter toute erreur d’interprétation…
Et ne parlez pas que de boulot ! Souvenez-vous, on échange aussi des choses plus persos à la machine à café, alors ne vous enfermez pas dans des échanges boulot-boulot lors de vos visios ou appels.
Ça montre ainsi que vous êtes soucieux du bien-être de vos équipes…
09) Vouloir tout solutionner
En tant que manager, on va s’adresser régulièrement à vous. Et particulièrement en cas de problème.
Soyons clairs : vous n’êtes pas tout puissant ! Vous avez aussi le droit de ne pas avoir de solution à tout…
Au fond, il vaut mieux échanger avec l’équipe pour élaborer des solutions ensemble plutôt que de chercher vainement une solution tout seul.
Soyez un soutien, un accompagnateur pour vos équipes, mais ne cherchez pas à tout solutionner.
D’ailleurs certains collaborateurs ne le souhaitent pas… Ils veulent juste vous faire part d’un souci qu’ils vont résoudre, ils ont juste besoin d’en parler, c’est tout.
Et puis, il y a des problèmes qui ne relèvent pas de vos compétences… Mais ils nécessitent juste un peu d'écoute et d'empathie, de compassion.
C’est aussi ça être manager, savoir écouter sans juger, sans donner de réponse... juste apporter une présence.
Et pensez à vous !
Votre rôle a ses limites. Vos horaires aussi... Tout comme votre santé.
Vous n'êtes pas un superhéros qui doit répondre à tous les appels à l'aide.
C'est justement tout l'intérêt d'un management bienveillant et participatif : vous travaillez avec les autres, vous déléguez des tâches et vous n'êtes pas sur tous les fronts.
Car un manager malade ne peut plus manager son équipe. On est d’accord ?
Intéressant, non ?
Ces erreurs sont les plus classiques, mais d’autres erreurs existent aussi.
Et c’est parfois comme cela qu’on apprend : en faisant des erreurs.
Mais si cette petite réflexion vous permet d’en éviter quelques-unes, c’est toujours ça de gagné. Pas vrai ?
Alors, maintenant qu’on a évoqué ce qu’il ne faut surtout pas faire lorsqu’on manage à distance…
Je vous propose de découvrir quelques conseils pour le « comment faire » ce management.
Vous savez, les petits trucs qui mettent de l’huile dans la machine…
Alors, à tout de suite.