Qui n’a pas entendu parler du débat sur la semaine des 4 jours ?
La semaine de 4 jours, comme son nom l’indique, est un dispositif visant à répartir le temps de travail sur une durée de 4 jours au lieu des traditionnels 5 jours ouvrés.
Pour certains salariés, il s’agit là d’une opportunité pour équilibrer et cloisonner leurs vies professionnelles et personnelles. Pour les employeurs, cette nouvelle organisation de travail représente une opportunité nouvelle de renforcer l'attractivité de leur marque employeur, le bien être des employés et pourrait également offrir un regain de productivité de la part de leurs collaborateurs.
Malgré sa cote de popularité, visible notamment sur les réseaux sociaux, la semaine de 4 jours fait timidement son entrée en France et semble loin d’être adoptée majoritairement dans le monde du travail.
Chimère ou tendance en passe d’être démocratisée ? Anywr Studies fait le point.
Pour le moment, rien de gravé dans le marbre ni dans la loi.
C’est au bon vouloir de l’entreprise et parfois même des préférences des employés. Certains peuvent opter pour moins d’heures avec maintien de salaire. D’autres peuvent profiter du maintien de leur salaire moyennant une heure de plus travaillée par jour. Et d’autres encore optent pour des journées plus chargées en termes d’horaires. Une tendance se dessine pourtant pour 40% des personnes interrogées de notre étude : 32 heures sur 4 jours avec maintien de salaire.
Exemple dans le cadre du maintien des 35h :
- Un employé qui travaille 35 heures et donc 7 heures par jour, devrait travailler 8,75 heures par jour sur 4 jours.
- Prenons maintenant l’exemple d’une réduction de temps de travail à 32h par semaine :
- Un salarié qui effectue 35 heures et donc 7 heures par jour, passerait à 8 heures par jour sur 4 jours.
- Dans le cas d’un maintien des 39h sur 4 jours : l’employé pourrait devoir effectuer des journées de plus de 9h.
Dans tous les cas précédents, le travailleur devrait forcément effectuer sa charge travail sur une période plus restreinte et donc à fortiori, revoir l’agencement de son planning et de ses priorités. Rogner sur le temps de pause du déjeuner peut notamment être une piste. Le télétravail et la réduction du temps de trajet qu’implique le dispositif est aussi à prendre en compte.
Faire évoluer l’organisation du temps de travail hebdomadaire est possible mais qu’en est-il du maintien du salaire ? Travailler sur 4 jours, mais pour quel salaire horaire ? Le débat est ouvert !
71% des entreprises interrogées par nos équipes Anywr ont tranché et assument le maintien de salaire dans plusieurs cas possibles : 39h, 32h, 28h sur 4 jours. Ces dernières trouvent leurs résultats dans la performance stimulée de leurs employés.
En résumé, les entreprises mettent en place leur propre fonctionnement pour passer aux 4 jours et maintenir le salaire mensuel identique. Exemples :
- 35h payées 35h = 1,75 heure de travail en plus par jour.
- 32h payées 35h = 1 heure en plus de travail dans la journée
- 28h payées 35h = 1 journée « offerte » par l’entreprise
- 28h ou 32h au détriment de RTT
La répartition des journées travaillées peut être imposée par l’entreprise ou choisie par les équipes concernées.
En effet, cette flexibilité permet à chaque service d’une même entreprise d’opter communément pour un jour off afin de mener à bien leurs projets, d’assurer le suivi client ainsi que la continuité de la production.
Certaines Start up, déjà adeptes des 4 jours, préfèrent laisser la main aux équipes. Dans un même service, les collaborateurs se « partagent » les journées non travaillées. Ainsi, quand un employé opte pour le mercredi off, d’autres choisissent le vendredi.
Les employés peuvent ressentir une certaine pression dans la finalisation de leurs tâches en temps et en heure. En effet : la surcharge de travail arrive en première position des préoccupations pour 50% des personnes interviewées. Les journées plus chargées sont aussi décriées, ce à quoi certains employeurs ont choisi de répondre par le passage au 32h. La faisabilité de ce dispositif de ce dispositif est encore à démontrer.
Le bien-être des collaborateurs semble être l’avantage phare pour 53% des sondés ayant répondu favorablement à notre étude. Les 4 jours amélioreraient également l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Nombreux sont les employeurs passés aux 4 jours qui constatent et revendiquent la meilleure productivité de leurs équipes. Ces derniers aussi soulignent le fait que leurs effectifs travaillent plus efficacement et à leur rythme.
Temps de travail réduit, meilleur cloisonnement du pro et du perso. On pense souvent avantages pour les travailleurs et pourtant la semaine de 4 jours peut également être un allié dans le recrutement des nouvelles recrues… De quoi redorer sa marque employeur et souligner un engagement centré sur l’humain.
« OR-GA-NI-SA-TION » : cela doit rester votre maître-mot si vous optez pour le dispositif de 4 jours.
- Proposez d’abord un test grandeur nature à vos salariés pour mettre en lumière les problématiques qui pourraient surgir.
- Évaluez la faisabilité sur votre marché : meeting client, production, planning de fabrication et livraison : est-ce que le dispositif bousculerait vos relations avec vos clients et partenaires externes ?
- Ouvrez le débat avec vos collaborateurs autours de sujets qu’ils n’oseraient pas aborder suite à ce nouveau fonctionnement.
- Donnez le choix ! Certains collaborateurs vont préférer opter pour un lissage des heures, d’autres préféreront amputer leurs RTT.
- Pensez aux horaires mais aussi à la journée non travaillée. Cette dernière sera-t-elle fixe ou au gré des missions et des plannings de vos effectifs ?
L’Islande est précurseur dans les aménagements des temps de travail et ça depuis 2015 où le pays s’était lancé dans un projet de grande envergure visant à révolutionner les temps de travail hebdomadaire des salariés.
En novembre dernier, nos voisins belges ont inscrit la semaine de 4 jours dans la loi nommée « deal pour l'emploi ». Depuis, les salariés à temps plein ont l’opportunité de négocier leur temps de travail sur quatre jours auprès de leurs employeurs.
D’autres pays comme l’Espagne ou encore le Royaume Uni se lancent dans des phases de tests plus mesurées. Ces dernières portent sur des périodes plus ou moins longues (6 mois à 3 ans) et sollicitent des d’entreprises bien définies comme les PME.
Nombreux sont les employeurs qui se demandent si le dispositif est viable dans les temps. A noter que sur 76% des entreprises tentées par l’aventure des 4 jours travaillés, seulement 21% l’ont réellement instaurée.
Et si les réfractaires énumèrent les points bloquants du dispositif, remarquons cependant que les entreprises adeptes des 4 jours ne sont jamais revenues sur leur décision !
De nombreux facteurs sont à prendre en compte avant d’opter pour la semaine de 4 jours.
Préférences des salariés, faisabilité en fonction du marché relatif à votre entreprise, décalage horaire, concurrence : anticipez les points bloquants et évaluez bien l’ensemble des enjeux économiques et sociaux avant de faire le grand saut !